La richesse naturelle du cours de la Loire ainsi que la fertilité de ses plaines alluviales ont de tout temps rendu sa vallée propice à l’implantation d’activités humaines. La Loire d’aujourd’hui est le fruit de changements hydro-morphologiques au fil du temps influencés, dirigés par l’évolution du climat ainsi que les aménagements humains.
La Loire, un fleuve chenalisé et endigué
La Loire a longtemps été l’axe central pour le transport des marchandises et des personnes car elle était considérée comme plus sûre et plus rapide que la voie terrestre. Cependant, la navigation était difficile du fait de la présence de nombreux bancs de sable, d’un chenal mouvant ou encore de l’irrégularité des fonds. Pendant des siècles, de nombreuses solutions techniques ont été recherchées pour permettre la chenalisation du fleuve et ainsi faciliter la navigation sur la Loire.
Dès le Moyen Âge, les premières constructions de levées et d’épis sont réalisées. D’autres aménagements seront réalisés entre le XIXe et le XXe siècle et le bassin à marée sera creusé. Les aménagements qui ont permis de chenaliser la Loire sont aujourd’hui des éléments caractéristiques du paysage ligérien. Ils n’ont cependant pas permis de faire perdurer le transport de marchandises, la route et le train étant principalement utilisés actuellement pour cette activité. Des digues et levées ont aussi été érigées dans la vallée pour restreindre les mouvements du fleuve et limiter les inondations.
Vivre au rythme de la Loire : les villages et les îles de la vallée
La richesse et les ressources de la Loire sont des atouts pour les habitants de la vallée. Ils ont su investir les lieux en construisant des villages, des quais, et des cales qui se succèdent tout au long du fleuve. Des vestiges d’activités de meunerie, des écluses, moulins à eau, pêcheries, bacs et péages attestent de l’exploitation de l’ensemble de la vallée. En pied ou au sommet de coteaux, en bordure des levées ou sur les îles, le patrimoine bâti, isolé ou des villes et villages témoignent de l’histoire de la vallée.
La vie en zone inondable est intimement liée au fleuve et rythmée par les crues, qui sont vécues comme des temps forts, contraignants pour les habitants de la Loire.
Les cales et les quais sont des éléments de paysage qui ponctuent les berges de leur architecture minérale et participent au paysage culturel fluvial. D’une apparente solidité, ils résistent pourtant mal à l’absence d’entretien ou à certains nouveaux usages. Ils sont la mémoire d’une activité de transport aujourd’hui disparue et sont aujourd’hui des lieux de loisirs et de promenade, offrant un lien privilégié avec la Loire.
Les îles font la spécificité de la région Pays de la Loire. Naturelles ou façonnées par l’homme, elles sont aujourd’hui en grande majorité inhabitées, les moins grandes étant les premières à avoir été abandonnées. Les plus grandes îles, pouvant atteindre jusqu’à 800 hectares, restent toujours des lieux de vie et d’activités agricoles. L’île de Chalonnes par exemple accueille un peu plus de 6 000 habitants sur ces 14 km de long.
La vie en bord de Loire attire de nombreuses personnes, pour diverses activités de loisirs, de détente ou encore de découverte de la nature : promenade, pêche, randonnée, chasse ou cyclisme. De nombreux projets se développent pour profiter du cadre offert par la Loire. Les concilier avec la préservation des richesses naturelles et la dynamique fluviale représente un enjeu majeur.
La vallée de la Loire, source de richesses
Que ce soit pour son eau, son sable, ses prairies ou ses ressources alimentaires, les êtres humains ont su profiter des atouts du fleuve.
Le sable de la Loire a pendant des siècles été exploité. Les quantités prélevées par le passé étaient cependant faibles par rapport au stock présent dans le fleuve. Au cours du 20ème siècle, l’extraction du sable devient industrielle et augmente fortement, pour la construction et le maraichage et le creusement du chenal de navigation. Les prélèvements sont alors devenus largement excédentaires par rapport à l’apport naturel de sédiments. Près de 70 millions de m3 ont été extraits sur la période, entre les Ponts-de-Cé et Nantes. Au vu des conséquences engendrées par cette exploitation massive, l’extraction du sable, directement dans le lit mineur de la Loire a été interdite en 1995.
La Loire, c’est aussi une ressource précieuse, l’eau. Les départements de Loire atlantique et du Maine et Loire sont très fortement dépendants de la Loire pour l’approvisionnement en eau potable. Avec sa nappe alluviale, elle alimente environ 1 million d’habitants. Les prélèvements sont également importants pour l’agriculture, la production d’énergie et l’industrie.
Elevage, fauche, populiculture ou encore maraîchage, horticulture, pépinière, semences, les activités agricoles sont nombreuses et diverses au sein de la Vallée de la Loire. Elles illustrent l’évolution des pratiques au sein de la vallée avec l’apparition du maraichage, son intensification actuelle et la diminution d’une activité agricole pastorale.
Les conditions d’exploitation des zones inondables ne sont pas aisées mais le pâturage et la fauche tiennent encore une place importante. Cette activité est en effet soumise aux aléas des crues et bien souvent des conditions d’accès difficiles aux parcelles. Les agriculteurs et agricultrices de la vallée permettent de maintenir le système prairial et ainsi conserver la biodiversité de ces milieux.
La construction des levées, isolant les prairies humides des crues du fleuve, a profondément modifié le milieu et permis aux activités de maraichage, d’horticulture et d’arboriculture de s’imposer dans le paysage ligérien. Le maraîchage s’est développé de part et d’autre des levées, signe d’une activité économique en plein essor qui continue à progresser.
Les eaux de la Loire accueillent de nombreux poissons. Cette ressource a été exploitée de tout temps. Les vestiges de nombreuses pêcheries en témoignent. La pêche était une activité traditionnelle importante et a toujours été encadrée pour préserver les ressources. Certaines anciennes pêcheries sont aujourd’hui entretenues et utilisées par des passionnés mais la pêche est beaucoup moins pratiquée. La régression des milieux naturels, la dégradation de la qualité de l’eau, la perte de la transparence migratoire de la Loire à l’échelle de son bassin versant, en sont les causes principales.
Aujourd’hui, en remontant le cours de la Loire, quelques pêcheurs professionnels ainsi que pêcheurs aux engins exercent encore leurs savoirs faire ancestraux malgré la diminution de la ressource.